Participer à la coupe arabe. Un sujet qui apelle forcément une comparaison avec une participation à la coupe de la CAF. Notre club a fait le choix de la compétition arabe. Un choix "politiquement" intelligent, mais sportivement décevant. Cela fait un bail qu'aucun titre international n'a été remporté par notre club , et surtout plusieurs années que l'on peine à se re-imposer comme une veritable menace pour les clubs que l'on rencontre durant les joutes africaines. Battre Al Ahly à domicile en ligue des champions africaine s'est revélé être une inespérée libération, et la joie d'alors n'avait d'équivalent que le constat amer qui s'en suivit quelques jours plus tard : battre un grand club est devenu un exploit, alors même qu'au fond de nos coeurs on se sait de la trempe de ces grandes équipes. Nous ne nous comparons pas à l'Étoile, au Club Africain ou au CSS; nous nous savons de l'élite africaine des Ahly , Raja, Zamalek. Même si l'histoire récente a tendance à démontrer le contraire , "les grands esprits footballistiques se rencontrent" ; outre le grand chelem effectué par le doyen des clubs tunisiens, il existe ce sentiment d'appartenance à une élite africaine , rien que par le nom et la légende que l'on véhicule, alors que d'autres seront éternellement vus comme arrivistes et donc petits, quelque soit leur momentanés exploits. Au delà de telle ou telle période favorable , il existe une aura, une capacité de rassembler des foules enormes, de remplir des stades face a des grands clubs d'envergures mondiales, des histoires complexes avec la nation, et un lourd passé qui donne non seulement des droits mais aussi des devoirs. Parmi ces devoirs, il y a celui de participer à la meilleure compétition possible, sans calculer. Or, c'est justement là ou le bat blesse. La participation de l'Espérance à la coupe arabe n'est rien de plus qu'un calcul très stratégique. Nous n'arrivons pas à nous imposer en Afrique, c'est un constat amer, mais clair. Donc, en y réflechissant bien, participer à la coupe arabe peut sembler intéressant, puisque , pour résumer ce qui a déjà été dit et redit, les conditions sont meilleures, les gains financiers plus intéressants, un calendrier peut être plus adapté à nos besoins, cela permettrait de relancer le club avec un titre international, et de donner de l'expérience à nos jeunes. Vraiment ? L'Espérance est-elle devenue un club qui pense à l'argent avant le prestige ? Quel est le prestige d'une coupe non reconnue par la Fifa ? Ne nous moquions pas du CSS lorsqu'il l'avait remporté et la fêtait exagérement ? Il est évident que la coupe de la CAF est bien plus prestigieuse, mais par calcul nous avons choisi la facilité ... Facilité ? Quand on regarde la liste des clubs participant à cette coupe, on peut sérieusement s'interroger sur ce calcul, sur cette supposée relance du club au niveau international. La coupe arabe est-elle vraiment plus facile à gagner que la coupe de la CAF ? Permettez nous d'en douter. Oui mais voilà, on nous parle de gagner de l'experience. Expérience ? Quel est le rêve ultime de notre club ? Si ce n'est reconquérir l'Afrique et sa fameuse ligue des champions, se remettre dans le bain et rivaliser avec les clubs de notre élite sentimentale. En ce sens, quelle expérience est la plus intéressante ? Celle des difficiles terrains, ambiances , arbitrages maisons , environnements , surprises et autres specificités africaines ou le confort des pelouses et hotels arabes ? Quel est le meilleur moyen de donner à nos jeunes les armes nécessaires pour redominer l'Afrique ? Les Badra, Jaidi , Ouaer, Chihi, Thabet et compagnie en ont bavé de l'Afrique, de son arbitrage , de ses gamins de 16 ans qui nous humiliés, et c'est ainsi que nous sommes allés loin. Alors au final , notre club, avant tout association sportive, qui est censé viser les titres rien que les titres, ne s'est-il pas légèrement détourné de sa vocation , mais aussi de son prestige, en faisant passer sa mission difficile de reconquérir l'Afrique après certaines notions indignes de nous comme la finance et le confort ? Un crime de lèse majesté en somme.