J'ai lu l'interview de Kais Said et j'en sors avec un sentiment mitigé : tout est une déclaration d'intention et on va le prendre au mot.
Oublions un moment le système législatifs et celui des partis qui va sûrement stopper beaucoup de ses ambitions.
D'abord, il a une revendication qui trouve ses racines dans la gauche tradition de la commune, sûrement une influence du dénommé "Ridha Lénine". L'idée est de donner une assise locale aux décisions avec des conseils communaux, où la décision sera prise sous le contrôle des citoyens et ce conseil est hybride par sa composition : moitié élu, moitié citoyen. Ce conseil remontera ensuite les décisions du local au global. Le global étant le président et dans un moindre degré législatif. C'est évidemment très révolutionnaire comme idée et on peut deviner la patte d'un léniniste dedans.
Le probable futur président est aussi très proche des idées syndicales et leur voue beaucoup de respect.
Par contre... Par contre.... Tout le reste est un véritable catalogue réactionnaire qui semble avoir trouvé échos chez les électeurs.
Reconnaissance des homosexuels ? Non, les homos seraient des " déviants ".
Les associations d'aide aux homosexuels ? Interdiction de recevoir de l'argent de l'étranger.
L'abolition de la peine de mort ? Non.
Source de notre constitution ? Le droit divin l'a toujours été...
Égalité dans l'héritage ? Il va démonter ces idées avec des arguments "scientifiques".
Pas étonnant que ce catalogue soit sa base idéologique puisque Kais est ami proche d'un des fondateurs d'un parti fasciste d'extrême droite islamiste salafiste.
Conclusion ? Oubliez ce que vous disent les médias tunisiens sur la synthèse extrême droite extrême gauche. C'est une synthèse "populiste" au delà des lignes idéologiques classiques. Dans un sens, si on le voit positivement, en moins de 8 ans après la révolution, la Tunisie a déjà balayé les partis classiques en optant pour un populisme porteur d'un espoir en dehors des partis...
En moins de 8 ans, la Tunisie a voté pour les islamistes et leurs alliés en 2011, ensuite les a sanctionnés en votant Nida en 2014. En 2019, ils ont sanctionné les deux et ont voté pour des populistes.
En moins de 8 ans, la Tunisie est dans la même veine que les démocraties occidentales...
Le chemin est encore long, c'est un bon signe de maturité politique mais ça peut très mal tourner.