Piqûre de rappel :1. Kamel Matmati, ingénieur et syndicaliste au sein de la STEG, 35 ans et membre d’Ennahdha. Arrêté en 1991 par la police politique de Ben Ali sous la direction de Ganzoui, il a été torturé au commissariat jusqu’à son dernier souffle. La police a informé sa famille qu’il était recherché, et l’a accusée de le protéger. Mort, il a été jugé et condamné par contumace à 17 ans de prison et sa femme soumise à un contrôle administratif. Pendant 8 ans, sa mère a sillonné les prisons de la Tunisie pour lui apporter sa nourriture, qui était en réalité bouffée par les flics. Il aurait été enterré au niveau du pont de la place de la République à l’avenue Habib Bourguiba.
2. Zouhair Yahiaoui, « Ettounsi », blogueur (Tunezine) de 33 ans, diplômé en informatique et sans emploi. Arrêté en 2002 après avoir publié, sur son blog, "La Tunisie est-elle une République, un royaume, un zoo ou une prison ?" ainsi qu’une lettre de son oncle et juge opposant à Ben Ali, Mokhtar Yahiaoui. Il fut torturé pendant plus d’un an malgré ses grèves de la faim, et interdit de consulter un médecin. Libéré en 2003 et harcelé par la police, il décède en 2005 d’une crise cardiaque et est considéré depuis comme le premier martyr du web.
3. Marouane Ben Zineb, informaticien de 27 ans, s’est introduit (par inadvertance vraisemblablement) en juillet 1989 dans le système informatique de la présidence de la République. Il aurait découvert des échanges de Ben Ali avec les agents du Mossad installés à Tunis pour surveiller les chefs de l’OLP. Enlevé et assassiné, sa famille l’a retrouvé 8 jours après sa disparition à la morgue de l’hôpital Charles Nicolle, sous une fausse identité, dans cercueil sous scellés avec interdiction d’ouvrir. Officiellement, celui qui venait de décrocher une bourse d’études aux USA se serait suicidé sur les rails d’un train. Sa voiture a été retrouvée à quelques mètres du poste de police de Hammam-Lif. Son père, ancien Président du Tribunal administratif, mourra quelques années plus tard d’une attaque cérébrale, au bout de trois ans de paralysie totale.
Trois histoires pour (re)prendre conscience de l’atrocité du régime de Ben Ali et la terreur vécue par des centaines de familles tunisiennes. Allah yarhmou, OUI (par principe bla bla bla). Mais ceux qui pleurent "leur" Président pourraient avoir la décence de ne pas faire l’éloge d’un criminel qui a ordonné de tirer sur son propre peuple à balles réelles.